Frontière maritime Sénégal/Mauritanie: Fuite de gaz sur le projet GTA : Silence radio du gouvernement sénégalais
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Alors qu’une fuite de gaz a été signalée depuis le 19 février 2025 sur le projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA), à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie, les autorités sénégalaises gardent un silence assourdissant. Ni le gouvernement, ni la compagnie pétrolière BP, ni PETROSEN, représentant l’État dans le projet, n’ont pris la peine d’informer officiellement la population sur l’ampleur de l’incident.
Un droit à l’information bafoué
Depuis plusieurs jours, des rumeurs circulaient sur une anomalie au niveau du puits A02 du projet GTA. Pourtant, aucune déclaration officielle n’a été faite à l’intention des citoyens, en particulier ceux vivant à proximité des infrastructures gazières. Cette opacité contraste avec l’obligation des pouvoirs publics d’assurer une communication transparente sur les incidents environnementaux et leurs conséquences.
Le think tank LEGS-Africa, qui surveille depuis des années les impacts du projet GTA sur la région de Saint-Louis, a révélé l’existence de cette fuite et interpellé les autorités compétentes. Selon l’organisation, le manque d’informations précises sur les causes et les conséquences de l’incident est inacceptable.
« Nous demandons une transparence immédiate et une communication publique sur cet incident. Il est inadmissible qu’aucune déclaration officielle n’ait encore été faite sur un sujet aussi grave », affirme l’organisation dans un communiqué.
Un impact environnemental et économique inquiétant
Selon Awa Traoré, experte en climat et consultante en transition énergétique, la fuite pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’écosystème marin et la pêche, qui constitue une source vitale d’alimentation et d’emplois au Sénégal.
« Les petits pélagiques, qui représentent 75 % des produits de la pêche consommés au Sénégal, sont une source essentielle de nutriments pour la population. Une contamination des eaux ou une perturbation des écosystèmes marins mettrait en péril la sécurité alimentaire du pays », alerte-t-elle.
En plus des risques environnementaux, cette fuite remet en question la viabilité du modèle énergétique basé sur l’exploitation des hydrocarbures. « La fuite de gaz sur le projet GTA est un signe d’alerte, exposant la fragilité de ce type d’exploitation. Il est urgent de réorienter les investissements vers les énergies renouvelables pour éviter de s’enfermer dans une dépendance aux énergies fossiles dont l’avenir est incertain », insiste l’experte.
Une gestion de crise catastrophique
L’absence de communication officielle sur cette fuite témoigne d’un manque criant de gouvernance responsable. Face à une situation aussi préoccupante, les autorités auraient dû immédiatement informer les citoyens et détailler les mesures prises pour contrôler la situation.
Ce silence rappelle tristement d’autres scandales environnementaux où l’opacité a pris le pas sur la responsabilité. À l’heure où de nombreux pays s’engagent dans une transition énergétique durable, le Sénégal doit faire preuve de transparence et assumer pleinement ses responsabilités vis-à-vis de ses citoyens et de l’environnement.
Les Sénégalais ont le droit de savoir ce qui se passe sur leur territoire et d’exiger des comptes sur la gestion de leurs ressources naturelles. Combien de temps encore le gouvernement restera-t-il muet sur cette fuite de gaz qui menace l’environnement et la santé publique ?
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