Traité mondial contre la pollutionplastique: un accord mondial qui vacille à la veille de la clôture des négociations

Après trois années de discussions, les négociateurs de l’INC (Comité intergouvernemental de négociation) se trouvent dans la dernière ligne droite à Genève. Mais à moins de 16 heures de la fin officielle de la session INC 5.2, la perspective d’un traité mondial contraignant contre la pollution plastique semble s’éloigner.



Hier après-midi, le président de l’INC, Gustavo Vayas, a publié un projet de texte réduit à 12 pages et 22 passages entre crochets, contre 34 pages lors de la version précédente. Pensé pour rallier toutes les parties, ce document a au contraire déclenché un tollé. Dès l’ouverture de la plénière, de nombreux États – dont la Colombie, l’Union européenne, le Mexique, le Kenya, le Ghana ou encore les îles du Pacifique – l’ont jugé « complètement inacceptable ». Les critiques portent sur l’absence de mesures contraignantes concernant la production et l’offre de plastiques, la suppression de tout article sur la santé, et le manque d’obligations mondiales.


Le Royaume-Uni a qualifié le texte de « plus petit dénominateur commun ». Le Canada a déploré la disparition des références aux peuples autochtones. Le Brésil et plusieurs pays ambitieux rappellent que les effets des plastiques sur la santé humaine sont documentés et doivent figurer au cœur du traité.



Du côté des « pays aux vues similaires » (like-minded countries), les positions divergent. L’Arabie saoudite et le Koweït ont salué un « jalon » tout en regrettant l’absence de portée claire, tandis que l’Inde et l’Irak se sont dits prêts à poursuivre sur cette base. Les États-Unis, de leur côté, estiment que plusieurs de leurs « lignes rouges » ont été franchies, sans détailler lesquelles.


En toile de fond, les ONG dénoncent l’influence du lobby pétrochimique, rappelant que la production de plastiques est responsable de 5,3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et absorbe 12 % de la demande mondiale de pétrole. Des experts médicaux ont également alerté sur les impacts des substances chimiques contenues dans les plastiques, allant jusqu’à évoquer un déclin mondial de la fertilité masculine.



Avec la perspective d’une éventuelle session INC 5.3 compromise par les contraintes budgétaires et un agenda international chargé, certains craignent que le processus ne s’enlise. Comme l’a résumé la déléguée mexicaine Francisca Méndez : « Nous avons rendez-vous avec l’histoire, j’espère que nous serons à la hauteur. »



David Gbedia 


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