Genève, 15 août 2025 — Après dix jours de pourparlers marathons, les négociations onusiennes en vue d’un traité mondial contraignant contre la pollution plastique se sont soldées par un échec retentissant. Les États réunis pour la session INC-5.2 au Palais des Nations n’ont pas réussi à s’accorder sur un texte final, laissant un goût amer à de nombreuses délégations et observateurs.
La séance plénière de clôture, initialement prévue à 15h jeudi, n’a commencé qu’à 23h30 pour durer… 32 secondes. Le président de la session, Gustavo Meza-Cuadra Vayas, était tenu par le règlement d’ouvrir la plénière le dernier jour des négociations, mais les tractations en coulisses se sont éternisées jusque tard dans la nuit. Un nouveau projet de texte de 13 pages, comportant 119 passages entre crochets et supprimant des dispositions clés sur la production et la santé, a finalement été publié à 1h du matin. Il n’a guère suscité plus d’adhésion que celui présenté deux jours plus tôt, rejeté massivement par les États.
Pas de consensus, retour en arrière
Les discussions nocturnes entre chefs de délégations, jusqu’aux premières heures de vendredi, n’ont pas permis de trouver un terrain d’entente. Au final, tous les textes produits à Genève risquent d’être relégués au rang de simples notes de bas de page, les négociations repartant sur la base du document présenté lors de la session de Busan.
Malgré les divisions profondes — entre pays favorables à un traité ambitieux et le groupe dit “like-minded” opposé à des mesures contraignantes sur la production de plastique —, un sentiment commun de déception a émergé. “Nous avons manqué une opportunité historique”, ont reconnu plusieurs intervenants lors de la séance de clôture, marquée par l’épuisement des participants après dix jours de débats souvent nocturnes.
Points de friction
La question du champ d’application (“scope”) est restée l’un des principaux points de blocage, certains États refusant d’inclure des dispositions sur la santé. La délégation américaine, visiblement fatiguée, a même évoqué le manque de sommeil comme un “problème de santé” pour clore les débats. La Chine, premier producteur mondial de plastique, a reconnu la complexité du problème, tout en mettant en avant ses efforts pour remplacer les plastiques à usage unique par des produits à base de bambou.
Réactions et perspectives
Les réactions à l’issue des pourparlers vont de la colère à la détermination. Le président français Emmanuel Macron a dénoncé “le manque d’ambition” du texte, appelant à un sursaut. Le président de Palau, Surangel Whipps Jr, a affirmé que les États insulaires “ne marcheront pas” malgré la déception. Des ONG comme le CIEL ont parlé d’un “échec patent”, accusant certains pays d’être venus “pour bloquer” toute avancée.
L’avenir du processus reste incertain. Même si une session INC-5.3 devait être organisée avant la fin de l’année, le calendrier diplomatique est déjà surchargé, avec l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, la COP30 en novembre au Brésil, et la session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement en décembre. Certains évoquent déjà un report des discussions à début 2026, possiblement en Australie.
Pour l’heure, la lutte contre la pollution plastique mondiale attend toujours un cadre juridique contraignant. Comme l’a résumé Kate Lynch, représentante australienne : “Caractériser nos discussions en termes de gagnants et perdants fait que nous perdons tous au final. Il faut maintenant des décisions courageuses pour avancer ensemble.”


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