Dans la saga politique ivoirienne, l’affrontement entre Affi N'Guessan et Laurent Gbagbo ressemble de plus en plus à un suicide politique lent mais inévitable pour le président du Front Populaire Ivoirien (FPI). Affi, en choisissant de s’opposer frontalement à Gbagbo, pensait sans doute s’offrir une opportunité de rallier à lui une majorité de militants du FPI en se positionnant comme l’alternative moderne à l'ex-président. Mais en agissant ainsi, il a non seulement scellé son destin, mais a aussi ouvert la voie à une déstabilisation interne du parti qu'il prétend diriger.
Avant ce duel, Affi N'Guessan bénéficiait encore d’une certaine forme de "présomption d'innocence" aux yeux de nombreux partisans du FPI. Bien que sa gestion du parti après la crise post-électorale de 2010 fût critiquée, il restait, dans l'esprit de nombreux militants, une figure ambiguë, ni totalement coupable ni totalement innocente. Ceux qui étaient mal à l'aise avec sa ligne de conduite, son approche pragmatique de la politique, hésitaient à le remettre en cause publiquement, de peur de fragiliser encore davantage le FPI, déjà en lambeaux depuis la chute de Gbagbo. Cette ambiguïté permettait à Affi de jouer un double jeu : d’un côté, il pouvait être perçu comme celui qui préservait l'unité du parti et de l'autre, il cherchait à le remodeler à son image.
Cependant, en prenant la décision de se dresser ouvertement contre Gbagbo, Affi a non seulement détruit cette "zone de confort" politique, mais il a aussi transformé le débat interne en un véritable combat de leadership. Les militants du FPI qui hésitaient jusque-là à critiquer ouvertement son autorité n’ont désormais plus aucune raison de garder leurs réticences. Nombreux sont ceux qui, jusque-là, se contentaient de faire profil bas, conscients de la fragilité de la situation, mais qui désormais se sentent légitimés à contester ouvertement Affi. Ce changement de posture pourrait bien être le coup de grâce pour lui.
Ce qui semblait être une manœuvre pour capter plus de soutiens pourrait rapidement se transformer en une fracture irréversible au sein du FPI. En prenant Gbagbo pour cible, Affi a non seulement mis en lumière ses propres faiblesses politiques, mais a aussi ouvert une brèche dans l’unité de son propre camp. Le "suicide politique" de Affi N'Guessan, s’il n’est pas rapidement inversé, pourrait bien marquer la fin de son influence et de ses ambitions à la tête du FPI.
Aloka Tokou
Commentaires